Double-page consacrée au "Ghost Rider" d'Alan Vega - © Renaud Perrin
Lizzy Mercier-Descloux et son "Fire" vus par Renaud Perrin - © Renaud Perrin
Comment est né ce projet ?
Je suis amateur de musiques, j'en écoute beaucoup chez moi, ou dans mon atelier, j'achète des disques vinyles, j'allais (lorsque c'était possible!) à des concerts. Il y a quelques temps on m'a proposé de participer à une exposition de dessin sur l'actualité de l'année passée. Je n'avais pas grand-chose à proposer, mais comme Alan Vega était décédé peu de temps avant, j'ai fait un diptyque avec son portrait, en faisant référence au morceau Ghost Rider. Puis, je me suis pris au jeu, en faisant d'autres peintures sur des morceaux de la même époque, sur mon temps libre entre deux travaux de commande ou projets personnels.
Pourquoi le post punk ? C'est une mouvance avec une empreinte graphique assez rigide. Ton approche, notamment par la technique de la peinture sur bois, est plus organique même si la technologie est présente dans tes images.
J'aime bien cette période musicale, entre le punk et le milieu des années 80 où la musique devient plus commerciale. Beaucoup de musiciens de ces groupes sont issus d'école d'arts, ou très liés aux artistes de l'époque, il y a beaucoup de références visuelles dans les morceaux. J'utilise des systèmes de pochoirs avec des scotchs pour avoir des lignes droites, mais mon utilisation de la couleur tranche sans doute avec l'esthétique beaucoup moins colorée de l'époque, que j'apprécie, mais que je n'ai pas essayé de copier.
L'ordre a-t-il été pensé ? Musicalement ? Graphiquement ?
J'ai essayé d'agencer les images pour que l'enchaînement soit à la fois musical et graphique. On commence avec un titre plutôt pop de Martha and the Muffins, les morceaux plus industriels sont au milieu du fanzine, qui se termine dans une ambiance no wave avec Lizzy Mercier Descloux.
Pourquoi avoir choisi de l'éditer avec la structure Mineolux que tu partages avec Catherine Chardonnay, Nathalie Desforges et Benoît Guillaume ?
Je travaille régulièrement avec des maisons d'éditions, mais l'association Mineolux nous permet d'éditer des projets plus atypiques et confidentiels qui ne trouveraient pas forcément leur place dans le circuit traditionnel. C'est aussi l'occasion pour moi de travailler le projet dans toutes ses aspects, la maquette, la fabrication, l'impression (ce projet est imprimé en numérique chez CCI à Marseille, mais il m'arrive d'imprimer moi-même en sérigraphie certains projets), et aussi sa diffusion. Les ventes du livre permettent de financer le projet suivant. Mineolux nous permet également de proposer des projets collectifs comme des performances et spectacles dessinés.
Peux-tu nous parler de l'association Le Trait dont tu fais partie et qui s'adresse à l'ensemble des artistes-autrices et auteurs de la Région Sud-PACA ?
Il y a beaucoup d'artistes à Marseille et dans la Région, mais à la différence d'autres métiers comme les libraires, les éditeurs ou les galeries, nous ne sommes pas représentés ou fédérés par une association. Le premier confinement a accentué la précarité de beaucoup d'entre nous, et nous avons vu la difficulté de faire entendre individuellement notre situation. Nous espérons que l'association contribuera à mieux nous faire entendre, échanger des informations entre artistes, et de façon générale améliorer nos conditions de travail. A la différence de la musique, le travail de dessin ou d'écriture est plutôt solitaire, c'est aussi une bonne occasion de monter un projet collectivement. > Lien vers le site de l'association Le Trait
À quand la soirée de lancement de Fever come back?
Je l'espère le plus tôt possible ! J'ai déjà eu l'occasion d'exposer les peintures l'année dernière à l'ESAM de Caen, à l'occasion du festival Une saison grahique, mais il me tarde de pouvoir refaire des événements... et assister à des concerts !
Merci à Renaud Perrin !