CHRONIQUES
Fever Come Back
de Renaud Perrin 15/04/2021
éd. Mineolux
parution : Mars 2021 – 24 p couleurs
150 exemplaires - 21 x 28 cm – 12 €
Renaud Perrin, illustrateur de livres jeunesse entre autres et plasticien, vient de faire paraître un ouvrage à tirage limité reprenant des peintures sur bois, inspirées par des morceaux et groupes de post-punk, Fever come back !
POST-PUNK ! On ne sait si c'est ce que Renaud Perrin écoute quand il réalise ses images pour les différents supports sur lesquels il travaille - livres illustrés jeunesse, affiches, sérigraphies, monotypes, scénographies, spectacles dessinés - mais il y a quelques jours nous avons eu le plaisir de découvrir son nouvel ouvrage reproduisant des peintures sur bois qu'il a réalisées d'après des morceaux de post-punk, dont le titre Fever come back fait référence au morceau "Never come back" du duo franco-américain Kas Product.
Un titre qu'on espère programmatique pour que revienne la fièvre des dance-floors après cette satanée crise sanitaire... à moins qu'elle ne fasse référence à la fièvre qui gagne les malades atteints du covid !
Dans des compositions graphiques fleurant bon le rétro-futurisme que cette musique du début des années 80 véhiculait puisque faisant un pont entre l'électricité du punk et les synthétiseurs de la new-wave, Renaud Perrin met en images aussi bien des noms très connus comme Soft Cell, Alan Vega échappé de Suicide ou Orchestral Manoeuvres in the Dark, que des groupes cultes tels Kas Product donc, Tuxedomoon, Einsturzende Neubauten, Malaria, Martha and the Muffins, ou encore la française Lizzy Mercier Descloux avant son tube "Où sont passées les gazelles ?"", en passant par des musiciens plus obscurs - en tout cas moi je ne les connaissais pas avant de lire cet ouvrage - les Américains Crash Course in Science ou les Epagnols Esplendor Geometrico.
Pour chaque groupe, un morceau emblématique, présentés sur une double page, avec à gauche une peinture illustrant le titre du morceau et sur la page de droite, une autre mettant en image le groupe ou musicien.
Un joli ouvrage imprimé en numérique à seulement 150 exemplaires. Alors ne tardez pas à vous jeter dessus, vous en aurez plein les yeux et plein les oreilles !
Liens







Quelques questions à Renaud Perrin :

Comment est né ce projet ?

Je suis amateur de musiques, j'en écoute beaucoup chez moi, ou dans mon atelier, j'achète des disques vinyles, j'allais (lorsque c'était possible!) à des concerts. Il y a quelques temps on m'a proposé de participer à une exposition de dessin sur l'actualité de l'année passée. Je n'avais pas grand-chose à proposer, mais comme Alan Vega était décédé peu de temps avant, j'ai fait un diptyque avec son portrait, en faisant référence au morceau Ghost Rider. Puis, je me suis pris au jeu, en faisant d'autres peintures sur des morceaux de la même époque, sur mon temps libre entre deux travaux de commande ou projets personnels.

Pourquoi le post punk ? C'est une mouvance avec une empreinte graphique assez rigide. Ton approche, notamment par la technique de la peinture sur bois, est plus organique même si la technologie est présente dans tes images.

J'aime bien cette période musicale, entre le punk et le milieu des années 80 où la musique devient plus commerciale. Beaucoup de musiciens de ces groupes sont issus d'école d'arts, ou très liés aux artistes de l'époque, il y a beaucoup de références visuelles dans les morceaux. J'utilise des systèmes de pochoirs avec des scotchs pour avoir des lignes droites, mais mon utilisation de la couleur tranche sans doute avec l'esthétique beaucoup moins colorée de l'époque, que j'apprécie, mais que je n'ai pas essayé de copier.

L'ordre a-t-il été pensé ? Musicalement ? Graphiquement ?

J'ai essayé d'agencer les images pour que l'enchaînement soit à la fois musical et graphique. On commence avec un titre plutôt pop de Martha and the Muffins, les morceaux plus industriels sont au milieu du fanzine, qui se termine dans une ambiance no wave avec Lizzy Mercier Descloux.

Pourquoi avoir choisi de l'éditer avec la structure Mineolux que tu partages avec Catherine Chardonnay, Nathalie Desforges et Benoît Guillaume ?

Je travaille régulièrement avec des maisons d'éditions, mais l'association Mineolux nous permet d'éditer des projets plus atypiques et confidentiels qui ne trouveraient pas forcément leur place dans le circuit traditionnel. C'est aussi l'occasion pour moi de travailler le projet dans toutes ses aspects, la maquette, la fabrication, l'impression (ce projet est imprimé en numérique chez CCI à Marseille, mais il m'arrive d'imprimer moi-même en sérigraphie certains projets), et aussi sa diffusion. Les ventes du livre permettent de financer le projet suivant. Mineolux nous permet également de proposer des projets collectifs comme des performances et spectacles dessinés.

Peux-tu nous parler de l'association Le Trait dont tu fais partie et qui s'adresse à l'ensemble des artistes-autrices et auteurs de la Région Sud-PACA ?

Il y a beaucoup d'artistes à Marseille et dans la Région, mais à la différence d'autres métiers comme les libraires, les éditeurs ou les galeries, nous ne sommes pas représentés ou fédérés par une association. Le premier confinement a accentué la précarité de beaucoup d'entre nous, et nous avons vu la difficulté de faire entendre individuellement notre situation. Nous espérons que l'association contribuera à mieux nous faire entendre, échanger des informations entre artistes, et de façon générale améliorer nos conditions de travail. A la différence de la musique, le travail de dessin ou d'écriture est plutôt solitaire, c'est aussi une bonne occasion de monter un projet collectivement.

> Lien vers le site de l'association Le Trait

À quand la soirée de lancement de Fever come back?

Je l'espère le plus tôt possible ! J'ai déjà eu l'occasion d'exposer les peintures l'année dernière à l'ESAM de Caen, à l'occasion du festival Une saison grahique, mais il me tarde de pouvoir refaire des événements... et assister à des concerts !


Merci à Renaud Perrin !

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